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Préparation pour la veille

I. Lecture du texte sacré.

Ego sum Alpha et Omega, principium et finis, dicit Dominus Deus, qui est, et qui erat, et qui venturus est, omnipotens (Apoc. 1, 8).

Universa propter semetipsum operatus est Deus (Prov. XVI).

Je suis l'Alpha et l'Oméga, le principe et la fin, dit le Seigneur Dieu, celui qui est, celui qui était, et qui sera, le tout-puissant (Apoc.). Dieu a tout créé pour lui-même (Prov.).

II. Sommaire. - Dieu n'a rien fait ni n'a rien pu faire que pour lui-même, puisqu'il n'existait rien en dehors de lui, qu'il pût avoir en vue de glorifier et d'aimer.

Dieu m'a donné un entendement pour que je m'élève à sa connaissan­ce, que je contemple ses perfections et que je me repose dans cette con­templation.

Il m'a donné une volonté capable d'aimer, mais c'est lui-même qu'el­le doit aimer par-dessus tout.

Il veut que je sois heureux, mais il veut que je trouve mon bonheur à l' ai­mer. Il ne peut pas me dispenser de l'aimer pour lui-même et par-dessus tout. Il ne peut pas mettre mon bonheur en ce qui serait un désordre.

Dieu met en nos cœurs la charité: quel autre amour peut-il y mettre que celui dont il s'aime lui-même? Les motifs de reconnaissance et d'espérance ne peuvent pas préjudicier au pur amour qui est dû à Dieu.

Les hommes désirent être aimés pour eux-mêmes, Dieu serait-il moins délicat et moins exigeant en amour?

Cet amour pur de Dien est mon honneur et ma félicité.

Méditation

I. Lecture de l' Ecriture Sainte.

II. Méditation.

Le fidèle. - O mon Dieu, j'adore votre amabilité infinie. Ma fin est de vous aimer, faites-moi connaître cette fin,donnez-moi le désir et la grâce d'y tendre.

- Notum fac mihi finem meum (Ps. 38)

Le Sauveur. - Mon fils, la création est la première des œuvres de Dieu au dehors. En produisant les créatures, la Sainte Trinité n'a pu avoir en vue qu'elle-même, puisque en dehors d'elle rien n'existait. En donnant l'être et la vie aux créatures, elle n'a pas pu se proposer d'autre fin de sa bienfaisance que de faire admirer et aimer son infinie bonté.

Toute la vie de la Sainte Trinité en elle-même était amour, mais nous avons voulu faire partager cette vie à des créatures. C'est pour cela que nous avons dit: «Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblan­ce». Il nous connaîtra par son intelligence, image de la nôtre, et il nous aimera par le cœur que nous lui donnerons.

Sans doute, nos bienfaits vous aident et vous encouragent à nous ai­mer; mais nous n'avons pas voulu et n'avons pas pu vouloir que vous nous aimiez seulement pour nos bienfaits; ce serait vous aimer vous­mêmes et non pas nous.

Vous devez remonter à nous et à ce que nous méritons d'amour en nous-mêmes par notre infinie beauté et notre infinie bonté. Nous som­mes le principe et la fin de toutes choses, il faut que tout retourne à nous comme tout part de nous.

S'il est quelque chose dont nous sommes jaloux, c'est l'amour de nos créatures. Avons-nous pu les faire pour que, s'aimant elles-mêmes, elles nous aiment ensuite à cause de nos bienfaits? Non, il serait injuste que la créature commençât par s'aimer elle-même et n'aimât ensuite son Créa­teur qu'à cause des bienfaits qu'elle en reçoit et qu'elle en espère. La Sainte Trinité n'est pas seulement aimable à titre de bienfaiteur, elle a un autre titre plus excellent encore à l'amour de ses créatures, ce sont ses perfections infinies. Elle a donc voulu que les créatures raisonnables l'ai­massent avant tout pour Elle-même et qu'elles fissent ensuite servir les motifs de reconnaissance et d'espérance à l'aimer davantage.

L'amour de reconnaissance et d'espérance n'est pas même la charité proprement dite, la charité parfaite, que vous nous devez et que nous de­mandons de vous. Le motif de notre souveraine amabilité est le plus pur et le plus parfait de ceux qui doivent vous déterminer à nous aimer.

Nous vous avons donné l'intelligence, à quelle fin? Est-ce pour vous connaître vous-même seulement? Non, votre intelligence doit s'élever plus haut,' et, par la connaissance des créatures et de vous-même, parve­nir à notre connaissance, contempler et aimer nos perfections. Votre in­telligence n'a de repos qu'en Dieu. Elle a soif d'une certaine connaissan­ce de l'infini. Toutes les créatures, d'ailleurs, la reportent vers leur Créateur. Vous remontez à lui naturellement comme à la cause premiè­re de toutes choses.

Nous vous avons donné une volonté capable d'aimer: sans doute, c'est pour aimer ce qui est aimable. Mais rien n'est véritablement, sou­verainement et uniquement aimable en soi que nous-mêmes. Tout ce que les créatures ont de beau et d'aimable vient de nous. Les avons-nous faites pour que vous y fixiez votre amour? Vous en avons-nous accordé l'usage pour que vous vous y attachiez en nous oubliant? Ne vous disent­elles pas toutes, en leur langage: Remontez à notre auteur commun, c'est pour que vous l'aimiez qu'il nous a données à vous.

Nous vous avons donné le libre arbitre, est-ce pour que vous disposiez à votre gré de vous-même et de tout ce que nous avons mis en votre dé­pendance? Notre dessein n'a-t-il pas été que, en nous aimant librement et par choix, vous nous donniez la préférence sur toutes choses, et qu'ainsi cet amour fût glorieux pour nous et méritât de notre part une récompense pour vous? Notre premier but a été notre gloire et le second votre bonheur.

Commgncez par nous glorifier en nous aimant librement pour nous­mêmes, nous vous rendrons ensuite heureux par cet amour même, en vous assurant à jamais l'avantage incomparable de nous voir, de nous posséder et de nous aimer. Mais ne renversez pas l'ordre et ne nous aimez pas exclusivement en vue de la récompense, vous ne la mériteriez pas.

Sans doute, le désir et le besoin du bonheur sont innés en vous, mais où vous portent-ils? vers votre Créateur, que vous connaissez et que vous aimez, et dont la possession peut seule satisfaire votre cœur. Un amour bien réglé de vous-même vous fait chercher le bonheur en nous, comme en la source de toute perfection et de toute félicité, comme dans l'être qui mérite seul d'être aimé d'abord pour lui-même et que vous ai­mez ensuite comme votre dernière fin et la source de votre bonheur.

Mais l'amour-propre gâte tout. Il n'envisage rien que par rapport à lui-même; il met sa fin dans son bien-être, et, par cet étrange renverse­ment, l'amour de soi-même devient l'amour principal, et l'amour de Dieu est au second rang. Dieu n'est aimé alors que comme un bien dont la possession donne le bonheur. Ce n'est pas assez, c'est là un amour égoïste.

Nous mettons en vos cœurs la charité, quel autre amour pouvons­nous y mettre que celui qui est en nous-mêmes, c'est-à-dire l'amour pur et souverain de nous-mêmes et de nos infinies perfections? C'est cet amour que nous mettons en vos cœurs au baptême et dont nous vous donnons l'habitude infuse par l'Esprit-Saint.

Les motifs de reconnaissance et d'espérance ne peuvent pas préjudi­cier au véritable amour qui est dû à votre Créateur. Vous pouvez l'ai­mer pour ses bienfaits, comme votre père, votre Dieu et votre tout; vous pouvez l'aimer pour la récompense infinie qu'il vous promet et que vous attendez de lui avec confiance, et en même temps l'aimer par-dessus tout pour lui-même et pour ses amabilités infinies. Cette charité doit rester la maîtresse et la reine de vos affections.

Après cela, nous ne vous défendons pas et même nous voulons expres­sément qu'en certains cas ce soit la terreur de nos jugements qui vous éloigne du mal et vous confirme dans la pratique du bien; qu'en d'autres circonstances ce soit le souvenir de nos bienfaits qui vous pénètre de gra­titude et vous engage à user de retour envers nous, ou que ce soit l'espé­rance de la récompense promise qui vous anime à surmonter les difficul­tés de la vertu, qui vous inspire un généreux mépris des choses de la ter­re et qui vous soutienne dans les souffrances et les afflictions.

Comment ne voudrions-nous pas être aimés pour nous-mêmes par­dessus tout? Les créatures elles-mêmes ont cette prétention. Un père voudrait-il donc n'être aimé de son fils qu'en vue de son héritage? Un ami voudrait-il n'être aimé qu'à cause de ses dons? Quoi, les hommes sont délicats à l'excès en amour, et votre Dieu, qui seul a le droit de l'être, et qui est nécessairement jaloux de vos cœurs, serait indifférent à ce que vous l'aimiez pour lui-même ou pour vous? Quels sont vos titres de père, d'époux, de maître, d'ami, en comparaison des siens? Ses droits ne surpassent-ils pas tous les vôtres? Et la perfection infinie de sa nature peut-elle être mise en balance avec l'amabilité des créatures?

Enfin, cette union avec Dieu par la connaissance et l'amour est votre titre de gloire. C'est votre honneur. Ce sera votre félicité éternelle. Un cœur fait pour un si grand amour s'avilit et se prostitue quand il se don­ne principalement aux créatures.

Refuser à votre Dieu l'amour souverain qui lui est dû est un désordre immense. Mourir sans cet amour, c'est se vouer à la damnation éternel­le. Celui qui n'aime pas son Dieu devient un objet d'horreur pour Dieu et pour toutes les créatures amies de Dieu, amies du bien et de l'ordre.

AFFECTIONS ET RESOLUTIONS

«O mon Seigneur, quand il n'y aurait ni enfer, ni paradis, je voudrais m'attacher à vous à cause de votre douceur, à cause de votre bonté; à cause de vous-même. Vous êtes ma pensée continuelle, ma parole, mon occupation» (S. Pierre Damien).

Vous êtes mon Dieu, cela suffit, je veux vous aimer toujours et vous le prouver en vous servant aujourd'hui pieusement et en accomplissant exactement et fidèlement tous mes devoirs, quoi qu'il m'en coûte.

BOUQUET SPIRITUEL

- Deus est Alpha et Omega, principium et finis (Apoc.).

- Universa propter semetipsum operatus est Dominus (Prov.). - Qui non diligit manet in morte (I. Joan. XIV).

- Et si charitatem non habuero nihil sum (I Cor. XIII).

- Dieu est l'Alpha et l'Oméga, le principe et la fin (Apoc.). - Dieu a tout créé pour lui-même (Prov.).

- Celui qui n'aime pas demeure dans la mort (Ire ép. de S. Jean). - Si je n'ai pas la charité, je ne suis rien (Ire ep. de S. Paul aux Co­rinthiens).

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