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Préparation pour la veille

I. Lecture du saint Evangile (S. Matthieu, ch. 26 versets 46-50).

46. Surgite, eamus, ecce appropinquavit qui me tradet.

47. Adhuc eo loquente, ecce Judas, unus de duodecim, venit, et cum eo turba multa, cum gladiis et fustibus, missi a principibus sacerdotum et senioribus populi.

48. Qui autem tradidit eum, dedit illis signum dicens: quemcumque osculatus fuero, ipse est, tenete eum.

49. Et confestim accedens ad Jesum dixit: Ave, Rabbi. Et osculatus est eum.

50. Dixitque illi Jésus: Amice ad quid venisti?

46. Levez-vous, allons: voici venir celui qui me trahira.

47. Comme il parlait, judas, un des douze, arriva avec une bande nombreuse, armée de glaives et de bâtons, envoyée par les pontifes et les anciens du peuple.

48. Le traître indiqua un signal en disant: Celui que j'embrasserai, c'est lui, saissisez-le.

49. Et s'approchant de Jésus, il lui dit: Salut, Maître, et il l'embrassa. 50. Jésus lui dit: O mon ami, que viens-tu faire?

II. Sommaire. - Le sacrilège se commet assez facilement dans la con­fession, dans la communion et la messe, dans la violation des obligations et des voeux.

C'est un mal affreux, c'est le péché de judas, au dire des Pères de l' Eglise.

Les châtiments en sont terribles: l'histoire sacrée signale les exemples de Balthasar, d'Héliodore, de judas. L'endurcissement est bien à crain­dre et la conversion difficile.

Les précautions à prendre sont: la fidélité aux exercices dans l'esprit de foi; le soin pour se bien confesser; la délicatesse de conscience en ma­tière de charité, de respecte de chasteté et de détachement.

Méditation

I. Lecture du saint Evangile.

II. Réflexions.

Le disciple. - Je vous adore, ô mon bon Maître et je vous aime, et je déteste toute trahison et tout sacrilège. De grâce, préservez-m'en tou­jours, enseignez-moi à m'en garder et donnez-moi la grâce de vous ai­mer toujours fidèlement.

Le Sauveur. - C'est d'un sujet bien triste que je dois vous entretenir aujourd'hui. Tout ce qui rappelle le disciple ingrat et infidèle est pénible à considérer.

Le sacrilège se commet assez facilement, plus facilement que vous ne pensez, surtout dans la confession, dans la communion et la messe et dans la violation des vœux et des obligations religieuses. Et le sacrilège me rappelle toujours l'horrible ingratitude du disciple infidèle.

Dans la confession, le défaut de contrition véritable et de ferme pro­pos, n'est-il pas assez fréquent? S'il y avait vraiment contrition et ferme propos les rechutes seraient-elles si promptes et si multiples?

N'y a-t-il pas aussi souvent mauvaise confession par une fausse con­science? On s'illusionne, parce qu'on le veut bien. Par exemple, sur la charité, le respect, on y manque par des jugements, des critiques, des médisances, et on ne le regrette pas. Sur la chasteté, on pèche par pen­sées, regards, consentement, complaisance, s'en accuse-t-on complète­ment? Sur la justice et la pauvreté religieuse, on pèche par bien des frau­des et des habiletés, on pèche en gardant des objets qui appartiennent à autrui, en détruisant des objets par négligence. Sur le travail et l'emploi du temps, que d'illusions aussi, quel laisser-aller!

Dans la communion et la messe, ne s'y présente-t-on pas quelquefois en état de péché mortel, par insouciance, par ignorance coupable, par négligence de se confesser?

Dans l'accomplissement des obligations religieuses: l'obligation sub­stantielle de tendre à la perfection, n'est-elle pas souvent oubliée? Et les règles ne sont-elles pas souvent méprisées en pratique ou par conversa­tions?

Le sacrilège est un mal affreux, tant par l'injure qu'il fait à Dieu que par le tort qu'il cause à l'âme.

En paraissant m'adorer, moi votre Sauveur, vous me donnez, autant qu'il est en vous, le coup de la mort.

Saint Paul le reprochait déjà à quelques chrétiens d'alors: Rursum crucifigentes sibimetipsis Filium Dei et ostentui habentes. Et saint Chrysostome le disait de certains prêtres de son temps: Interimunt quem adorant.

Dans une communion indigne, vous me recevez en vous pour m'y fai­re mourir, et Satan pour l'y faire régner. Post buccellam introivit in eum Sa­tanas. (Jo. 13,27).

Me recevoir indignement, c'est me livrer aux crachats, c'est me jeter dans la boue de l'égout; les Saints vous le disent: In faciem Salvatoris spuit. (Pet. Bles). In cloacam sanguinem Christi fundere. (Saint Thomas de Ville­neuve).

C'est renouveler ma flagellation et mon couronnement d'épines. Rappelez-vous comment Marguerite-Marie me vit tout déchiré par les communions indignes de quelques âmes consacrées. Elle me vit tout san­glant et ressemblant à un homme qui aurait été traîné à travers des clous et des épines. Voudriez-vous me causer cette souffrance et m'imposer ce traitement?

C'est renouveler la trahison de judas. Il venait à moi hypocritement pour gagner ses trente deniers. Pesez bien le dégoût que mon cœur éprouvait pour lui, quoique je n'en fisse rien voir. Il en est de même pour les sacrilèges!

Et quand c'est un ami qui me trahit, un disciple, un apôtre, une âme comblée de grâces, une âme consacrée, mon cœur est bien plus affecté encore. Je le disais par la bouche de David: Si un ennemi m'offense, je le supporte facilement, mais un ami, un intime, un commensal! (Ps. 54).

Que ne fait pas l' Eglise pour réparer un sacrilège public, quand il y a lieu? C'est qu'elle a un vif sentiment de l'outrage fait à Dieu et une grande crainte des châtiments qui en peuvent résulter.

Ces châtiments sont redoutables, en effet.

Comme le dit l'apôtre: Celui qui communie indignement, mange sa propre condamnation. - Judicium sibi manducat et bibit. (I. Cor. II). Satan l'envahit, lui cache l'horreur de son état et le conduit à l'endurcisse­ment. Ensuite, il l'excite au désespoir. - Peccavi tradens sanguinem justum. (Mat. XXVII).

Rappelez-vous ce que j'ai dit dans l'Evangile: «Il ne faut pas donner les choses saintes aux chiens, ni jeter les perles devant les pourceaux. Ils fouleraient cela aux pieds et se retourneraient contre vous pour vous dé­chirer». - Nolite dare sanctum canibus, neque mittatis margaritas vestras ante por­cos: ne forte conculcant eas pedibus suis et conversi dirumpant vos (Matth. VII).

Rappelez-vous les châtiments exemplaires infligés aux sacrilèges dans l'ancienne loi.

Oza est mort pour avoir touché l'arche du Seigneur.

Balthazar abusait des vases sacrés du temple, il lut au même instant sa condamnation: Mane, Thecel, Phares; et il perdit son empire et la vie. - Eadem nocte interfectus est (Dan V).

Héliodore a violé le temple du Seigneur, les anges viennent le châtier et le laissent à demi mort.

L'histoire de l'Eglise est remplie d'exemples de châtiments du sacrilè­ge. Là où le sacrilège est public, la Providence impose souvent la peine du talion: La punition divine rappelle la faute commise.

Là où le sacrilège est secret, c'est une maison, une famille qui cesse d'être bénie. Saint Paul signalait même aux Corinthiens les ravages de la maladie et de la mort à la suite des sacrilèges: Ideo inter vos multi infirmi et imbecilles et dormiunt multi.

Le châtiment de l'abandon surtout et de l'endurcissement est terrible. Saint Augustin et saint Bernard vous disent qu'il n'y a plus guère de re­méde, pour les âmes qui ont ainsi abusé des grâces. - Multo facilius reperies multos saeculares converti ad bonum, quam unum de religiosis (S. Bern. ép. 95).

Il faut donc à tout prix vous prémunir contre le sacrilège. Prenez tou­tes les précautions qui peuvent l'empêcher d'apporter le ravage et la rui­ne dans votre âme.

Vos exercices bien faits chaque jour sont une grande force, ils ferment la porte à bien des tentations. Mais il faut surtout apporter un grand soin à vos confessions. Préparez-les avec esprit de foi, donnez à votre examen une entière sincérité et n'oubliez pas de vous exciter sérieusement à la contrition, surtout par le souvenir de mon Agonie et de ma Passion.

Si vous voulez ne pas tomber dans le sacrilège et ne pas y rester aveu­glément, ayez une conscience délicate dans les matières où l'on se trom­pe si souvent: pour la charité et le respect, que l'on viole si fréquemment dans les sentiments intérieurs et les conversations; pour la chasteté, qui est si facilement blessée; pour l'esprit de pauvreté et le détachement, ma­tières dans lesquelles l'illusion est facilement entretenue par la nature.

Saint Bernard appelle les défauts opposés à ces vertus «le char du dé­mon», expression bien significative, qui montre le démon, conduit en triomphe par vos convoitises.

Enfin, préparez-vous toujours dignement à la sainte messe, à la sainte communion, pour n'y pas manger votre propre condamnation et pour ne pas me crucifier de nouveau. Vous savez combien saint Paul, sou­cieux du salut de vos âmes et de l'honneur divin, et désireux de m'épar­gner des tristesses, recommandait cette préparation: Probet autem seipsum homo (I. Cor. 11). Et il ajoutait: Celui qui mange indignement le corps du Sauveur renouvelle la Passion et commet le crime du déicide: Reus erit corporis et sanguinis Domini.

Ayez pitié de moi. Epargnez les souffrances de mon Cœur.

AFFECTIONS ET RESOLUTIONS

O mon bon Maître, gardez-moi de tout sacrilège. Inspirez-moi le re­spect de tout ce qui est saint et sacré. Je ne veux pas blesser votre Cœur. Je serai sur mes gardes désormais. Je veillerai, comme vous me l'avez recommandé, sur les défauts où l'illusion est la plus fréquente. Je ferai mes examens de conscience avec un grand soin.

BOUQUET SPIRITUEL

- Amice, ad quid venisti? (S. Matth. c. 26).

- Peccavi tradens sanguinem Justum (S. Matth. c. XXVII). - Iratus est Dominus contra Ozam (Paral. c. 13).

- Judicium sibi manducat et bibit (I Cor. c. 11-29). Probet autem seipsum homo (I Cor. c. 11-28).

- O mon ami, que viens-tu faire? (Saint Matthieu). - J'ai péché en livrant le sang du juste (S. Matthieu). - Ne livrez pas ce qui est sacré aux chiens (S. Matth.). - Le Seigneur fut irrité contre Oza (Paralipomènes). - Le sacrilège mange et boit son jugement (S. Paul).

- Que l'on s'éprouve avant de s'approcher de l'Eucharistie (S. Paul).

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