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Préparation pour la veille

1. Lecture du saint Evangile (S. Luc. chap. VII, 37-48).

37. Et ecce mulier quae erat in ci vi tate peccatrix, ut cognovit, quod accubuisset in domo Pharisaei, attulit alabastrum unguenti.

38. Et stans retro secus pedes ejus, lacrymis coepit rigare pedes ejus, et capillis capitis sui tergebat et osculabatur pedes ejus et unguento ungebat.

39. Videns autem Pharisaeus, qui vocaverat eum, ait intra se dicens: Hic si esset propheta, sciret utique quae et qualis est mulier, quae tangit eum: quia peccatrix est. 40. Et respondens Jésus, dixit ad illum: Simon, habeo tibi aliquid dicere. At ille ait: Magister dic!

41. Duo debitores erant cui dam foeneratori: unus debebat denarios quingentos, et alius quinquagenta.

42. Non habentibus illis unde redderent, donavit utrisque. Quis ergo cum plus diligit?

43. Respondens Simon dixit: Aestimo quia is qui plus donavit. At fille dixit et: Recte judicasti.

44. Et conversus ad mulierem, dixit Simoni: Vides hanc mulierem? Intravi in domum tuam, aquam pedibus mets non dedisti: haec autem lacrymis rigavit pedes meos, et capillis suis tersit.

45. Osculum mihi non dedisti; haec autem ex quo intravi, non cessavit osculari pedes meos.

46. Oleo caput meum non unxisti; haec autem unguento unxit pedes meos.

47. Propter quod dico tibi: Remittuntur et peccata multa, quoniam dilexit mul­tum: Cui autem minus dimittitur, minus diligit.

37. Une pécheresse de la ville, dès qu'elle sut qu'il était chez le Phari­sien à dîner, apporta un vase de parfum.

38. Et se tenant derrière lui à ses pieds, elle se mit à mouiller ses pieds de ses larmes, elle les essuyait de ses cheveux, les embrassait et les oi­gnait de parfum.

39. Le pharisien son hôte voyant cela dit en lui-même: s'il était pro­phète, il saurait qui est cette femme qui le touche et que c'est une pêche­resse.

40. Jésus lui répondit: Simon, j'ai quelque chose à vous dire. Celui-ci reprit: Dites, Maître.

41. Un prêteur avait deux débiteurs: l'un lui devait cinq cents deniers et l'autre cinquante.

42. Ceux-ci n'ayant pas de quoi payer, il leur fit remise à tous deux. Lequel doit le mieux l'aimer?

43. Simon répondit: Selon moi, c'est celui à qui il a le plus remis. Jé­sus lui dit: C'est bien jugé.

44. Et se tournant vers Madeleine, il dit à Simon: Vous voyez cette femme! Je suis entré chez vous, vous ne m'avez pas donné à laver, celle­-ci a mouillé mes pieds de ses larmes et les a essuyés de ses cheveux.

45. Vous ne m'avez pas embrassé; mais celle-ci depuis son arrivée n'a pas cessé d'embrasser mes pieds.

46. Vous ne m'avez pas parfumé la tête, mais elle a parfumé mes pieds.

47. C'est pourquoi beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu'elle a beaucoup aimé. Celui à qui on en remet moins, aime moins.

II. Sommaire. - Vous remarquerez dans cette méditation la force de la grâce qui attire la pécheresse, et la correspondance de Madeleine; - puis la parfaite contrition de Madeleine, et les vertus quelle pratique dans sa pénitence -, et enfin les fruits de cette pénitence et les grâces dont Madeleine est comblée.

Méditation

I. Lecture du saint Evangile.

II. Méditation.

Le disciple. - Bon Maître, la conversion de la pécheresse me touche et m'encourage. C'est le chef-d'œuvre des miséricordes de votre Cœur. Aidez-moi par vos lumières et votre grâce à en tirer tout le fruit que j'y puis trouver.

Le Sauveur. - J'étais toujours à la recherche des pécheurs. Tous mes pas, toutes mes démarches, tous mes miracles avaient ce but. Mon cœur y pensait sans cesse, j'avais passé déjà à Béthanie, j'avais guéri Simon de la lèpre et délivré Madeleine de la possession de sept démons. Je reve­nais pour gagner leurs cœurs. Simon m'invita; c'était une reconnaissan­ce trop extérieure et de convenance. Il restait plein de lui-même, il avait pour moi peu d'égards, il m'observait, m'épiait et me jugeait. Ma grâce n'avait pas de prise sur son âme. je reportais mes grâces sur Madeleine, qui était chez lui et qui commençait à se laisser toucher. je l'éclairais d'une vive lumière, je lui révélais l'horreur de ses fautes, je lui en rappe­lais le nombre et la grandeur. je lui faisais sentir l'état de profonde dé­gradation et de mort surnaturelle où se trouvait son âme, et tout ce qu'elle avait à craindre des jugements de Dieu. je lui rappelais son in­gratitude. Mais en pareil cas, je ne laisse pas les âmes dociles sous le coup d'une crainte désespérante, je leur rappelle ma miséricorde et les invite à l'espérance. C'est ce que je faisais pour Madeleine. Le souvenir de mes œuvres et de mes miracles revenait à sa pensée. On avait beau­coup parlé du pardon accordé à la femme adultère et de ma bonté pour les pécheurs. La confiance en grandissant prend un caractère de généro­sité et d'affection. Madeleine ne résiste pas au sentiment déjà si fort qui la presse de venir se jeter à mes pieds. Elle se repent, elle a confiance, el­le aime. Son amour grandit vite par le souvenir de mes bontés et elle n'hésite plus.

Et vous, quand vous êtes écrasés par le poids de vos fautes ou engour­dis par la tiédeur, pourquoi ne réveillez-vous pas en vous le souvenir de mes bontés et de mes miséricordes envers vous? Vous seriez confus de votre ingratitude; je vous aiderais, et votre âme se réchaufferait aux rayons de mon Cœur.

Voyez la générosité de Madeleine et les vertus qu'elle pratique dans sa pénitence.

Elle se tient à mes pieds avec une grande foi en mon pouvoir divin et une confiance entière dans ma bonté. Son silence est éloquent, et, sans me parler, elle découvre assez clairement les plaies mortelles de son âme et m'en demande la guérison. Sa profonde humilité lui fait mépriser tous les égards mondains auxquels elle avait droit, et l'oblige à se tenir derriè­re moi, prosternée à mes pieds et remplie de confusion.

Mon Cœur tressaillait d'allégresse. je contemplais avec complaisance les effets de la grâce sur l'âme de la pécheresse. je reportais ma pensée sur toutes les conversions que celle-là encouragerait et dont elle était le modèle. je rendais intérieurement d'ardentes actions de grâces à mon

Père. je continuais à assister Madeleine pour mener à bon terme l'œuvre si bien commencée.

Une vive contrition se faisait sentir dans toute sa personne et s'expri­mait par toutes les actions extérieures de sa pénitence, car elle y faisait servir tout ce qui avait auparavant contribué à ses fautes. Ses yeux ver­saient des torrents de larmes. Ses cheveux dont elle avait pris jusqu'alors tant de soins, servaient à essuyer mes pieds, et ses lèvres à les embrasser. Et ce beau vase d'albâtre aux parfums précieux, qui avait servi à sa vani­té, elle le vidait sur mes pieds et les brisait. Tout ce qui avait servi d'in­strument à sa folie et à ses crimes est ainsi purifié.

Imitez-la, comme vous le recommande mon apôtre saint Paul. Sacri­fiez ce qui a servi à vos péchés; humiliez et châtiez votre corps qui en a été l'intrument: Sicut enim exhibuistis membra vestra servire immunditiae et ini­quitati, ita nunc exhibete ea servire justitiae in sanctificationem (Rom. VI, 19). Madeleine est généreuse parce qu'elle a compris ma générosité. Elle sait que je suis venu de chez mon Père et que j'ai choisi l'humilité et la pau­vreté pour sauver les pécheurs. Que sera-ce quand elle aura été témoin de mon sacrifice du calvaire? Oh! alors, il n'y aura plus de bornes à l'in­tensité de son amour. Et vous qui connaissez ma croix, ma mort et mon Eucharistie, pourquoi êtes-vous si froid, sinon parce que vous ne répon­dez pas assez à mes grâces?

Rien n'arrête la confiance de Madeleine. Je reste d'abord silencieux et ne prends pas garde à ses larmes. Ne faut-il pas que j'éprouve mes élus? C'est le moment critique de sa conversion. Elle aurait pu se décou­rager et regretter son humiliation et ses sacrifices. Mais non, elle a con­fiance et elle est humble. Si elle s'étonne, c'est de n'être pas repoussée sévèrement et avec mépris. Elle est contente d'être à mes pieds.

Voyez combien l'humilité doit vous être chère!

Les dispositions de Madeleine sont plus agréables à mon cœur que celles de tous les convives. je prie mon Père qui regarde les humbles avec complaisance de jeter un regard de bienveillance sur cette femme qui est à mes pieds. Madeleine qui s'est approchée de son Dieu est toute illuminée par la grâce. Elle voit d'un regard profond ce qu'est son Dieu et ce qu'elle est elle-même. Son désir d'être désormais toute à moi sur­passe tout sentiment. Quel contraste! Elle est auprès de son Dieu si pur et si saint, elle qui est un vase d'horreurs et d'ignominies, d'iniquités et d'orgueil! Et elle n'est point repoussée! Elle entend ma parole. Elle est jugée avec mépris, je la défends. je prédis que son repentir sera glorifié. je fais remarquer les fruits de sa contrition parfaite et de sa charité: Re­mittuntur et peccata mulla, quoniam dilexit multum. Et son amour, pendant qu'elle m'entend, grandit encore.

Elle resterait là indéfiniment si je la laissais, mais je la renvoie en paix: Vade in pace. La paix en effet remplit son âme purifiée. Ah! répondez comme Madeleine aux avances de ma grâce et vous serez aussi comblés des dons de ma miséricorde et des faveurs de mon divin Cœur.

AFFECTIONS ET RESOLUTIONS

Que vous êtes bon, ô mon Dieu! Que vous êtes admirable dans le soin que vous prenez de vos enfants, même quand ils sont coupables. O mon Sauveur, toujours votre voix nous appelle; toujours vous nous pressez intérieurement de revenir à votre amour. je n'ai que trop de raisons, ô mon divin Maître de me jeter à vos pieds comme un malade spirituel. La multitude de mes péchés est sans cesse devant moi. L'abus que j'ai fait de vos grâces innombrables m'oblige à m'humilier. Donnez-moi cette humilité dont j'ai besoin. Ma résolution aujourd'hui sera d'en faire sou­vent des actes.

BOUQUET SPIRITUEL

- Remittuntur et peccata mulla quoniam dilexit multum (S. Luc. VII, 47)

- Lacrimis coepit ri gare pides ejus (Ibid).

- Considerans et avertens se ab omnibus iniquitatibus suis, vivet et non mortetur (Ezech. 18).

- Il lui est pardonné beaucoup, parce qu'elle a beaucoup aimé (S. Luc. VII, 47).

- Elle pleurait à ses pieds (Ibid).

- Celui qui s'examine et se détourne de ses fautes vivra et échappera à la mort (Ezech. 18).

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