osprsc-0001-0036

Préparation pour le veille

I. Lecture du saint Evangile (Evangile S. Jean. chap. XIX, vers. 1-5).

1. Tunc ergo apprehendit Pilatus Jesum et flagellavit.

2. Et milites, plectentes coronam de spinis, imposuerunt capiti ejus et veste pur­purea circumdederunt eum.

3. Et venabant ad eum et dicebant: Ave Rex Judaeorum: et dabant ei alapas.

4. Exivit ergo iterum Pilatus foras et dicit eis: Ecce adduco vobis eum foras, ut cognoscatis quia nullam invenio in eo causam.

5. (Exivit ergo Jésus portans coronam spineam et purpureum vestimentum). Et dicit eis: Ecce homo.

1. Alors Pilate fit saisir et flageller Jésus.

2. Et les soldats ayant tressé une couronne d'épines la lui mirent sur la tête, et ils l'enveloppèrent d'un vêtement de pourpre.

3. Et ils venaient à lui et disaient: Salut, Roi des juifs, et ils lui don­naient des soufflets.

4. Pilate sortit donc une seconde fois et leur dit: Voici que je vous l'amène dehors afin que nous sachiez que je trouve en lui aucun crime.

5. (Jésus sortit donc portant la couronne d'épines et le vêtement le pourpre). Et Pilate leur dit: Ecce homo.

II. Sommaire. - Souffrir pour quelqu'un est une grande marque d'amour et de dévoûment. Et plus on souffre pour un autre, plus on lui prouve qu'on l'aime. Notre-Seigneur nous l'a dit souvent: Le bon pa­steur donne sa vie pour ses brebis (S. Jean. chap. X); et personne n'aime mieux que celui qui donne sa vie pour ses amis (S. Jean. chap. XV).

C'est pour nous et pour la gloire de son Père qu'il a enduré toutes les douleurs de l'âme et du cœur à Gethsémani et toutes les souffrances du corps dans les longs supplices de sa Passion.

Il nous a enseigné par là le prix du sacrifice. Sachons offrir à Dieu pour sa gloire, pour le salut des âmes et pour l'expiation de nos péchés, nos sacrifices quotidiens: vie de règle, mortifications, humiliations, indi­spositions, contradictions.

Méditation

I. Lecture du saint Evangile.

II. Méditation.

Le disciple. - Bon Maître, le souvenir de votre passion brise mon cœur, soit que je vous contemple à l'agonie, dans les larmes et la sueur de sang; chez Pilate, flagellé, couronné d'épines et tourné en dérision; ou sur la croix, dans le don suprême de votre vie. Vous avez voulu boire, jusqu'à la lie le calice de la souffrance, enseignez-moi au moins les pre­miers éléments de l'esprit de sacrifice.

Le Sauveur. - Oui, mon fils, j'ai porté ma croix avec joie et bravé tou­tes les souffrances, parce que je voulais à ce prix réparer la gloire de mon Père outragée, expier les pêches de mes frères et sauver leurs âmes.

Il est facile d'aimer ses amis dans la commune joie et dans la prospéri­té. C'est plus difficile quand il y a lieu de souffrir pour eux. Mais, je vous l'ai dit, le bon pasteur et le véritable ami n'hésitent pas. Ils savent souffrir et donner leur vie, s'il le faut, pour leurs brebis ou leurs amis. C'est là qu'on reconnaît le bon pasteur et le mercenaire, l'ami véritable et l'égoïste.

J'ai considéré vos péchés, j'ai vu que l'homme avait abusé de tout et j'ai voulu tout réparer. J'ai pris sur moi tous vos péchés, comme l'avait prédit Isaïe (chap. LIII), et j'ai voulu proportionner l'expiation à la faute en livrant à la souffrance toute mon âme, tout mon cœur et mon corps, tous mes sens et toutes mes facultés.

Considérez avec moi l'ensemble de ma Passion. Venez et voyez s'il y a eu une souffrance semblable à la mienne (Jer. Lam. 1).

A Gethsémani, je suis tremblant de frayeur, de peine et d'ennui. Je tombe en agonie.

C'est que je prévoyais tous les horribles tourments que j'allais souf­frir, et ma nature humaine se révoltait.

Je me voyais livré à la malédiction de mon Père (S. Paul aux Galates, 3). Je considérais l'ingratitude de ceux pour lesquels j'allais souffrir, et je prévoyais que beaucoup d'âmes iraient quand même à leur perte et ren­draient inutile le fruit de mon sang.

L'amour est la source et la mesure de la douleur: et j'aimais si tendre­ment mon Père que je voyais accablé d'outrages par les pécheurs, et mes frères que je voyais si misérables!

Vous avez lu que joseph versait des larmes sur chacun de ses frères en les voyant tristes et pauvres (Gen. XXIII); mais ma douleur à moi était vaste comme l'océan parce que mes frères souffrants et malheureux étaient innombrables (Lament. II). Si un ange n'était pas venu et je se­rais mort à Gethsémani (Luc. ch. XXIII).

L'indifférence et l'apathie de mes meilleurs amis Pierre, Jacques et Jean, et la trahison de judas sont venues mettre le comble aux souffran­ces de mon Cœur. Je sentais si vivement les manquements aux délica­tesses de l'amitié!

Contemplez ensuite les souffrances de mon corps.

A la flagellation, ce sont des fouets de fer qui déchirent la chair si sensi­ble et si délicate que mon Père m'avait donnée, et les bourreaux frap­pent avec fureur et sans se lasser: Supra dorsum meum fabricaverunt peccatores; prolongaverunt iniquitatem (Ps. 128).

Au couronnement d'épines, ce sont des pointes bien longues et bien dures, et ma tête était bien sensible.

Le dépouillement dés vêtements fut répété plusieurs fois, avant la flagella­tion, avant et après le manteau de dérision et avant le crucifiement; et toujours mes plaies collées aux vêtements se déchiraient et se rouvraient.

Au portement de croix, j'avais un fardeau bien lourd et bien écrasant pour mon état de faiblesse. Ah! si vous m'aviez vu me traînant, courbé, haletant, inondé de sang, tombant à terre et presque mourant!

Et au crucifiement, les supplices furent bien longs et bien cruels! Les clous étaient bien douloureux, ils déchiraient mes veines et mes nerfs. Voyez la croix s'élever et retomber dans le trou du rocher. Et je fus suspendu là trois heures sur les plaies de mes mains et de mes pieds. Si je m'appuyais sur mes mains, elles se déchiraient davantage; si je me por­tais sur mes pieds, la plaie de mes pieds s'élargissait. Si j'inclinais ma tê­te sur la croix, les épines s'enfonçaient.

Autour de moi, mes ennemis triomphaient et insultaient à ma dou­leur; les pharisiens ricanaient, les scribes blasphémaient.

Mais ce qui fut plus cruel encore pour mon Cœur, c'est que ma Mère était là souffrant le martyre et que mon Père m'abandonnait et suspen­dait mon union avec lui et les effets de la vision intuitive.

Pourquoi toute cette vie de souffrance: vie humble et mortifiée à Na­zareth, vie contredite et persécutée pendant mes prédications, vie brisée par le martyre sur la croix? C'était par mon propre choix. Oblatus est quia ipse voluit (Isaïe, ch. LIII).

C'est que j'aimais mon Père et que je voulais satisfaire à sa justice et réparer son honneur. C'est que j'aimais les pécheurs, et je voulais payer leur dette et les sauver. C'est que je vous aimais, vous qui méditez mes souffrances, et chacun de vous peut dire comme saint Paul: Il m'a aimé et il s'est livré pour moi. Dilexit me et tradidit semetipsum pro me (Ad Gal).

Ma Passion vous enseigne donc mon amour pour mon Père et pour vous, en même temps que le prix de votre âme et l'horreur du péché. Ce sont là ses leçons, considérez aussi ses fruits. Elle est pour vous une source inépuisable de réparations, de mérites et de grâces. Puisez sans mesure, c'est un abîme sans fond. Offrez sans cesse mes souffrances et mes expiations à mon Père pour obtenir le pardon de vos fautes et la grâ­ce de bien vivre. Haurietis aquas in gaudio de fontibus salvatoris (Isaïe, XII). Offrez le sang et l'eau tombés de mon Cœur, c'est le comble de mon of­frande et sa dernière expression.

Ma Passion est aussi votre consolation dans vos peines. J'ai souffert avant vous et plus que vous. Portez la croix patiemment après moi. Suivez-moi, je vous précède pour vous encourager.

C'est encore l'exemple de toutes les vertus; charité, douceur, humili­té, patience, haine du péché, zèle et apostolat.

Après ces réflexions, pleurez avec moi, dites-moi votre amour et votre reconnaissance, mais surtout apprenez à aimer l'esprit de sacrifice. Puisque la croix porte tant de fruits, portez-la de bon cœur avec moi. Par elle vous témoignerez votre amour à mon Père, vous vous rendrez semblable à moi, vous paierez la dette des pécheurs et la vôtre, vous ob­tiendrez un accroissement de grâces pour les justes et pour vous.

Il y a plus encore: si vous aimez mon Cœur sacré, si vous désirez sa gloire et son règne, c'est par le sacrifice que vous y pourrez le mieux con­tribuer. Je le disais à la bienheureuse Marguerite-Marie: «Je cherche une victime pour mon Cœur, laquelle se veuille sacrifier comme hostie d'immolation à l'accomplissement de mes desseins». Je cherche toujours des âmes qui s'immolent sur la croix pour le règne de mon Cœur.

Aimez donc les petits sacrifices quotidiens, la règle, le travail, la mo­destie; pratiquez quelques mortifications, et surtout acceptez avec rési­gnation, sinon avec joie, les petites épreuves que la divine Providence vous envoie: les indispositions, les humiliations, les contradictions.

AFFECTIONS ET RÉSOLUTIONS

Oui, mon bon Maître, je comprends maintenant le prix de la croix. Vous en avez fait l'instrument du salut et la source des grâces. J'ambras­se votre croix précieuse et je veux la porter avec vous. J'aimerai la mortification; j'accepterai généreusement les sacrifices que la divine Provi­dence ou mon règlement de vie me demanderont. Puisque votre divin Cœur cherche des victimes qui veuillent bien se sacrifier comme des ho­sties d'immolation à l'accomplissement de vos desseins, me voici, prenez-moi, je me donne à vous sans réserve.

BOUQUET SPIRITUEL

- Oblatus est quia ipse voluit (Is. LIII).

- Cum gaudio sustinuit crucem, confusione contempta (Heb. XII).

- Tollat crucem suam quotidie (Luc. IX).

- Placeo mihi in infirmitatibus pro Christo (2. Cor.).

- Jésus s'est offert spontanément (Isaïe, LIII).

- Il a pris la croix avec joie en bravant les humiliations (S. Paul aux Hébreux, XII).

- Portez votre croix tous les jours (S. Luc. IX).

- J'aime mes infirmités pour Jésus-Christ (S. Paul aux Corin­thiens).

  • osprsc-0001-0036.txt
  • ostatnio zmienione: 2022/06/23 21:41
  • przez 127.0.0.1